L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime aussi que 14 à 20% des logements présentent des moisissures visibles. Cette réalité perdure malgré la nouvelle réglementation RE 2020. Il reste en effet possible de construire des bâtiments neufs avec une isolation extérieure négligeant les pertes d’énergie au niveau des balcons, loggias et frontons.
C’est dans ce contexte que le groupe de travail “Qualité de l’Enveloppe” du pôle Fibres Energivie alerte sur la nécessité de changer de paradigme. Il vient de publier une nouvelle édition de son livre blanc sur l’isolation globale et performante des bâtiments. Au cœur de la chaîne de valeur du bâtiment, ce groupement rassemble près de deux cents adhérents œuvrant dans l’industrie, la recherche et la formation. Il émet ainsi à l’attention des pouvoirs publics quatre recommandations.
500 000 rénovations globales par an
La première serait d’adopter un plan choc pour l’éradication définitive des passoires thermiques avant 2034. Il s’agirait de réaliser 500 000 rénovations globales et performantes chaque année. Il faudrait pour cela arrêter le saupoudrage des aides pour les concentrer sur ce projet ambitieux de façon à obtenir un retour sur investissement significatif.
Afin de réaliser cet objectif, une solution envisagée consisterait à établir des zones expérimentales prioritaires. Celles-ci impliqueraient l’État, les collectivités locales, les bailleurs, les maîtres d’œuvre et les spécialistes de la rénovation thermique. Dans ces zones, la performance énergétique et économique des projets de rénovation serait systématiquement évaluée.
Prime aux travaux combinés
Une seconde action cruciale consisterait à instaurer une Prime Travaux Combinés (PTC). Celle-ci fixerait les étapes et l’ordre des travaux à respecter pour atteindre le niveau de performance BBC (Bâtiment Basse Consommation) dans les logements individuels ou collectifs. Les travaux seraient programmés selon un schéma préétabli : isolation des murs, des combles, ventilation, amélioration des parois vitrées, installation de systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire utilisant des énergies renouvelables.
Les travaux seraient mis en œuvre en trois à quatre étapes sur une durée maximale de dix ans. La prime “PTC” serait progressive et proportionnelle aux revenus des ménages. Le projet serait soutenu par “Mon Accompagnateur Rénov'” pour assurer un suivi et une livraison de qualité.
Mettre à niveau la formation
Une troisième mesure consisterait à mettre en place un plan de développement et de formation pour une filière “Rénovation Énergétique Performante”. Il associerait industriels, artisans, opérateurs de formation, collectivités et les pouvoirs publics pour garantir la réalisation conforme des travaux et la performance des ouvrages.
Renforcer les exigences de performance
Enfin, une quatrième action viserait à assurer la compatibilité des nouvelles constructions avec la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Pour y parvenir, il est proposé de renforcer les critères de l’indicateur Bbio à chaque étape de la RE 2020 (2025, 2028 et 2031).